Retour de flammes
Publié le 1 Avril 2016
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Retour de flammes de John Lawton
Edition 10/18
480 pages
Résumé : En avril 1956, à l’apogée de la guerre froide, Khrouchtchev et Oulganine, les dirigeants de l’Union soviétique, sont en Grande-Bretagne pour une visite officielle. L’inspecteur en chef Troy de Scotland Yard, affecté au poste de garde du corps de Khrouchtchev, est également chargé de l’espionner. Lorsque le corps mutilé d’un plongeur de la Marine royale est retrouvé près d’un cuirassé russe à Portsmouth Harbour, Troy se lance dans une enquête qui le mènera au cœur pourri du MI6 et dans les bras d’une ancienne flamme.
Mon avis :
J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge Sagas.
J’avoue avoir été attirée mystérieusement par ce résumé, pourtant, c’est loin d’être mon genre de lecture habituelle. Cependant, je trouve que les livres des éditions 10-18 sont toujours bien fichus, la couverture, le contenu… etc.
Par contre, ici le 4ème de couverture n’est vraiment pas terrible, je trouve qu’il peut donner une fausse image du livre.
Au départ, j’ai été agréablement surprise par l’humour typiquement anglais et piquant que l’auteur donne à son personnage principal. La première partie est assez tranquille, l’auteur pose le décor, présente ses personnages, fait quelques flash-back.
J’ai beaucoup apprécié Troy, qui peut se montrer cynique et autoritaire mais qui fait aussi preuve d’une grande vulnérabilité face à Tosca. Il est très touchant par moment.
J’ai trouvé le ton assez mélancolique, l’humour, même s’il reste présent, laisse la place à une certaine tristesse ambiante, pas forcément gênante.
L’enquête proprement dite n’arrive qu’à partir de la moitié du livre, donc c’est pour ça que je trouve le 4ème de couverture pas vraiment représentatif de l’ouvrage.
Le lecteur se trouve plongé dans l’Angleterre des années 50, elle se relève comme elle peut de la guerre et on sent que cette dernière a laissé pas mal de traces.
Certains personnages secondaires sont très intéressants, je trouve que l’auteur les a bien approfondis, leur donnant chacun une personnalité bien distincte.
Je ne sais toujours pas quoi penser de la balade nocturne de Khrouchtchev. Etait-ce un prétexte pour balader le lecteur dans les rues de Londres ?
Si vous ne connaissez pas grand-chose à la guerre froide, n’ayez pas peur de ce livre. Les explications essentielles sont données, et jamais le lecteur ne se sent perdu. L’auteur nous parle également du fonctionnement du gouvernement anglais. Personnellement, je n’en ai pas retenu grand-chose, car ces passages ne m’ont pas particulièrement passionnée. J’ai nettement préféré lorsque Troy est au premier plan. J’ai adoré le suivre.
Dans ce livre, il est pas mal fait référence au premier tome de la saga, Black-out, que je pense me procurer.
Je regrette par contre que les autres tomes ne soient pas traduits car j’aurais aimé les lire aussi.
A aucun moment je ne me suis ennuyée dans ce livre, même si l’enquête démarre assez tardivement, la vie de Troy est assez intéressante pour ne pas lasser le lecteur.
On retrouve ici l’ambiance un peu feutrée des romans à huis-clos d’Agatha Christie. En effet, même si Troy voyage pas mal entre Londres et sa maison de campagne, à Portsmouth, Brighton ou même dans des bleds un peu paumés, on sent une atmosphère assez pesante. La menace est là, on la devine mais on ne la voit pas clairement. J’avoue que dans ma tête, tout se déroulait en noir et blanc, comme un vieux film noir des années 50.
Ne vous attendez pas à un roman d’espionnage à la Ian Fleming (d’ailleurs, il est cité dans le texte), avec un genre de James Bond en costard qui boit des cocktails et tombe les jolies filles, avec des courses poursuites en voitures de collection (bon ok le héros a une Bentley mais il n’aime pas conduire), avec des explosions à tous les coins de rues ou des super gadgets ! Non, ici c’est un bon polar à l’ambiance sombre, avec une menace invisible et insaisissable qui plane au-dessus du héros.
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Bref : pourquoi lire ce roman : pour l’ambiance sombre, pour la nostalgie des années 50, pour l’humour so british, une histoire douce-amère que je conseille vivement.
Extraits :
« Troy se remémora une vieille expression des studios d’Hollywood : « Avec qui dois-je coucher pour ne plus figurer dans ce film ? »
« Ils faillirent rouler par terre en sortant de la Bentley, Lucinda Troy jaugea son mari et son beau-frère d’un regard sévère et exigea les clés du véhicule. Un jour, leur dit-elle en se glissant au volant, une loi interdirait aux quadragénaires de conduire en état d’ivresse. »
« Ne pose pas de questions, tu n’entendras pas de mensonges. »
« Mais qu’avait-il légué à Troy ? Sans aucun doute, sa part d’ombre. Un tempérament secret. »
Quelques mots sur l’auteur :
John Lawton est l'auteur de sept thrillers mettant en scène l'inspecteur Troy, deux romans indépendants et un ouvrage d'histoire. En 2008, il était un des rares écrivains anglais vivants à être nommé dans la liste du Daily Telegraph des « 50 auteurs de polars à lire avant de mourir ». En tant qu'éditeur, il a collaboré avec Harold Pinter, Gore Vidal et Kathy Acker, et a supervisé les publications de Wells, Conrad et D.H Lawrence. Il passe maintenant la plupart de son temps à écrire dans les collines du Derbyshire, en Angleterre. |