Un étranger dans le miroir
Publié le 15 Novembre 2016
Un étranger dans le Miroir d’Anne Perry
Editions 10-18
415 pages
Résumé :
William Monk, inspecteur de police chevronné, se réveille à l'hôpital.
Violemment agressé il y a quelques semaines, il a perdu la mémoire. Ce qu'il s'empresse bien de taire à ses supérieurs, qui auraient tôt fait de l'exclure manu militari de la police londonienne. Revenu à la vie professionnelle, il mène parallèlement une enquête sur le meurtre d'un jeune aristocrate, survivant de la bataille de Crimée, et sur lui-même. Il découvre d'abord qu'il n'était ni très sympathique ni très aimé, et qu'il avait laissé tomber sa famille, d'origine trop modeste, pour mieux réaliser ses ambitions.
Il se rend compte aussi qu'il avait été mêlé de très près au meurtre sur lequel son supérieur, qui veut sa peau, le laisse investiguer...
Mon avis :
J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge 10-18 Grands détectives et en LC avec Mypianocanta.
Dès le départ, le lecteur est plongé dans l’ambiance. Monk se réveille à l’hôpital, sans aucun souvenir personnel. J’ai essayé de me mettre à sa place, ce doit être terrible de se réveiller, sans mémoire, sans rien savoir de soi, de son passé, de ses relations.
Il doit être terrifié, se dire qu’il peut croiser des gens qui le connaissent sans les reconnaitre, sans leur adresser un signe. Comment peut-on gérer une telle situation ? D’autant plus qu’il décide de garder cela pour lui, par crainte de perdre son travail.
La façon dont Monk appréhende le monde extérieur, dont il se voit à travers le regard peu flatteur de ses collègues, et même la surprise qu'il provoque chez sa sœur simplement en lui rendant visite, nous pousse à nous demander comment il pouvait bien être avant. Même si on avance avec lui petit à petit, se découvrir comme quelqu'un de pas sympathique ne doit pas être facile. Comment se reconnaître, s'accepter ou même s'aimer, dans ces conditions?
J'aime beaucoup la façon dont Monk se découvre et on voit que l'inconscient joue un grand rôle dans cette histoire et j'avoue qu'il me plait bien Monk. Lorsqu’il se trouve en face de personnes de la haute-société, il sait d’instinct comment agir, il sait ce qu’on pense de lui, ce qu’il peut ou ne peut pas dire. Ces situations amènent toutes sortes de réflexions sur l’amnésie et le rôle qu’elle joue chez les personnes qui en sont atteintes. L’auteure a trouvé un excellent moyen pour captiver le lecteur.
Anne Perry nous dépeint la haute société anglaise sans concession. On découvre des gens engoncés dans leurs préjugés, persuadés d’avoir raison, hautains et se considérant comme le centre du monde. Le contraste entre la haute société et les bas-fonds de Londres, que Monk côtoie également, est vraiment frappant.
Les personnages secondaires sont bien marqués, bien dépeints, on identifie facilement qui est qui. Certains reviendront dans la saga.
L’intrigue policière patine un peu au début, il faut du temps à Monk pour reprendre ses marques et aussi pour nous lecteurs de comprendre de quoi il retourne. J’ai compris à un moment le pourquoi, tout du moins, j’ai relevé des « coïncidences » qui n’en étaient pas vraiment et qui m’ont donnée une idée du mobile. Concernant l’identité de l’assassin, je ne la connaissais pas mais je soupçonnais tout le monde.
Comme je le disais à My, j’ai eu plus d’empathie pour l’assassin que pour la victime.
Le contexte historique, sur la guerre de Crimée, n’est pas qu’un simple décor, c’est bien construit, j’ai eu personnellement envie d’en savoir plus puisque je ne connais pas grand-chose de cette période.
Vous retrouverez l’avis de Mypianocanta, je la remercie pour ces échanges enrichissants.
En bref : un polar à l’anglaise, qui vaut surtout pour la construction de ses personnages, pour le mystère qui entoure Monk et pour une immersion dans la société anglaise du 19ème siècle, franchement, un vrai régal, je lirai la suite avec plaisir !!